Qu’est-ce qu’un escompte et comment le calculer ?

Tout entrepreneur aime voir ses clients payer leurs factures rapidement. Afin de les inciter à payer de manière anticipée, de nombreux commerçants offrent un rabais de x % du montant de la facture si cette dernière est réglée dans un certain délai. Cette remise s’appelle l’escompte.

Il s’agit concrètement d’un accord entre le vendeur et l’acheteur qui permet à ce dernier de déduire un certain montant de la facture convenue s’il procède au paiement avant une date définie.

Remarque

les escomptes ne sont pas obligatoires. Il s’agit d’une simple courtoisie de l’entreprise pour motiver le client à payer plus rapidement. Les escomptes sont un moyen pour une entreprise d’obtenir des liquidités.

Que signifie exactement le terme « escompte » ?

Le mot « escompte » est dérivé de l’italien « scontare », qui peut être traduit de nombreuses façons comme « déduire » ou « faire une réduction ». Et en effet, un prestataire ou fournisseur qui accorde un « escompte » à un client permet à ce dernier de déduire un certain pourcentage du montant de sa facture s’il paie dans un délai déterminé. Il ne faut toutefois pas confondre l’escompte commercial avec les remises ou rabais. En effet, ces derniers ne dépendent généralement pas de la date de paiement, mais s’enregistrent surtout différemment d’un point de vue comptable.

Délai de l‘escompte

Période de la réduction accordée : limite de temps

Taux de l‘escompte

Pourcentage de l’escompte : somme qui peut être déduite.

Montant de l’escompte

Montant de la réduction de prix qui résulte de l’application du taux de l’escompte.

Si vous n’êtes pas dans l’obligation de proposer un escompte à votre client en cas de paiement anticipé, la législation française impose des mentions claires sur les factures. Ainsi, pour les factures adressées à un professionnel, il est obligatoire :

  • soit d’indiquer les conditions d’escompte pour les paiements anticipés. On pourra par exemple utiliser la formule suivante : « escompte de x % accordé pour règlement au comptant » 
  • soit d’ajouter la mention « Escompte pour paiement anticipé : néant »

La loi française réglemente les délais de paiement en les inscrivant dans un cadre de 30 à 60 jours : par conséquent, comme le stipule le service public, sans dispositions contraires, le délai est fixé « au 30e jour suivant la réception des marchandises ou l’exécution de la prestation ». Si les délais ne peuvent être fixés en dessous de ces 30 jours, il est permis d’autoriser un paiement jusqu’à 60 jours maximum à partir de la facturation, ou 45 jours fin de mois. Cette dernière condition de paiement est largement répandue. Pour contrer les problèmes de liquidité mais continuer à offrir une certaine flexibilité à son client dans le règlement de sa facture, l’escompte est alors une solution intéressante.

La réduction que vous acceptez de donner à votre client en cas de paiement anticipé dépend bien sûr de votre secteur d’activité et des produits ou services vendus. À noter, il existe des taux d’escompte dégressifs, qui permettent de réduire le taux accordé à partir d’un certain délai.

Exemple : délai de paiement stipulé sur la facture : 30 jours. Escompte de 3 % accordé pour un paiement avant 7 jours après réception de la facture. Escompte de 2 % pour un paiement avant 14 jours après réception de la facture.

En résumé

l’escompte est une réduction accordée seulement si le client paie dans un délai déterminé.

Il ne faut pas confondre l’escompte commercial, que nous décrivons ici, de l’escompte bancaire. Ce dernier, appelé également escompte financier, est une opération de crédit accordée par une banque à un client.

Outre les questions de trésorerie sur le court terme, l’escompte commercial peut également être utilisé pour fidéliser une relation commerciale. En effet, dans le cas de relations longues, des escomptes peuvent être négociés.

Note

Pour plus de précisions sur la facturation d’un escompte, rendez-vous sur le code de Commerce sur Légifrance, article L441-3.

Calculer un escompte

L’escompte est déduit du montant HT de la facture. Les coûts d’acquisition sont ainsi réduits, ce qui constitue le principal avantage pour les entreprises auxquelles l’escompte a été accordé. Toutefois, il faut déduire la TVA en conséquence par rapport au nouveau montant ; la déduction doit être prise en compte. Autrement, vous déclarerez une TVA plus élevée qu’elle n’est réellement, et cela pourrait être considéré comme une fraude.

Voici la formule pour calculer un escompte :

Escompte = montant HT x taux d’escompte

Exemple : vous avez une facture de 10 000 € HT / 11 960 € TTC (la TVA étant de 19.6 %). Votre fournisseur vous offre un escompte de 2 % en cas de paiement dans les 10 jours.

Escompte = 10 000 x 0,02 = 200

Vous pourrez compter sur une réduction de 200 €.

Montant TTC à payer = (montant HT – escompte) + TVA du nouveau montant HT

Suite de notre exemple :

Montant TTC si escompte non accordé = 10 000 x 19.6 % = 11 960 €

Montant TTC si escompte accordé = 9 800 x 19.6 = 11 720,80 €

(Le montant de 9 800 correspondant au nouveau montant HT 10 000 - 200)

Notre exemple montre qu’avec un escompte, la TVA de 1 960 € se réduit à 1920,80 €. Une mauvaise déclaration de sa TVA mènerait donc à une fraude de 39,20 €.

Note

de nos jours, les factures sont très souvent payées en retard. L’escompte est un moyen possible d’éviter ce problème. Rien n’oblige toutefois le client à adhérer à vos conditions.

Voici un autre exemple pour illustrer le principe. Le calcul de l’escompte est effectué légèrement différemment.

Un client reçoit une facture d’une entreprise pour 200,00 €, avec 19.6 % de TVA non compris. Le montant TTC est de 239,20 €. Toutefois, s’il règle la facture dans les 7 jours, il bénéficie d’un escompte de 0,5 %. Le client paie la facture 3 jours après la facturation.

0,5 % sont déduits du montant net : 200 € - 0,5 % (soit 1 €) = 199,00 €.

0,5 % sont également déduits de la taxe sur le chiffre d’affaires : 39,20 € - 0,5 % (soit 0,196 €) = 39 €.

Au lieu de 239,20 €, le client ne doit payer que 238 € (199 € + 39 €).

L’économie réalisée pour le client va toutefois s’élever seulement à 1€. Un montant de 0,20 € est par ailleurs retiré du montant initial de la TVA.

Remarque

dans la pratique, modifier un escompte est rarement effectué, car il est difficile d’abaisser les taux d’escompte vis-à-vis du client. À l’inverse, il est peu probable qu’un fournisseur décide soudainement d’augmenter le taux.

Escompte ou remise ?

Beaucoup font l’erreur de prendre l’escompte pour une remise. Seulement, les deux termes correspondent à des réalités différentes et s’enregistrent par conséquent de manières bien distinctes dans vos écritures comptables. De plus, une remise indiquée sur une facture n’est pas sous condition mais actée, contrairement à l’escompte qui nécessite que le client aille dans le sens du fournisseur en réalisant le paiement à temps.

Alors qu’une remise va s’appliquer à une ligne de la facture pour un article donné, l’escompte s’applique lui qu’en fin de facture, sur le montant total. Dans la grande majorité des cas, la remise est comptabilisée immédiatement dans la facture. Si tel n’est pas le cas, il sera nécessaire de l’enregistrer en revanche sous le poste 609 ou 709. Comme détaillé plus loin dans cet article, l’escompte est, lui, appliqué sur le compte 665 ou 765.

Avec la remise, une réduction est accordée en fonction d’une quantité achetée. L’escompte, en revanche, est toujours lié à une notion de temps. Par exemple, si vous achetez 100 articles, le détaillant facture 0,95 € par article jusqu’à 200 unités et seulement 0,89 € par article si vous en achetez plus. Il s’agit d’une remise de 0,06 € par article pour l’achat d’une quantité minimum. À cela peut s’ajouter un escompte si le client paie dans un délai précis.

En résumé

un rabais est une réduction garantie sur un prix de vente tandis qu’un escompte est une réduction éventuelle sur la facture globale.

Escompte :

réduction dépendant des délais

Remise :

réduction dépendant d’une quantité ou cas exceptionnel

Taux d’escompte généralement compris entre 2 et 5 %

Les remises peuvent être exprimées en pourcentage ou en valeur absolue.

Réduction sous condition

Remise convenue et garantie au préalable

Différence entre l’escompte côté client ou fournisseur

Suivant la position où vous vous trouvez, votre approche de l’escompte va être différente. D’un côté, on trouve le client qui est celui qui bénéficie de l’escompte. Cet escompte permet donc à la société à laquelle il appartient de réduire ses coûts d’acquisition. D’autre part, on trouve le fournisseur qui lui, va accorder l’escompte à une société. L’escompte est alors un élément de coût pour l’entreprise du fournisseur, et doit donc être pris en compte au préalable dans sa stratégie commerciale globale.

Pour votre enregistrement comptable, il ne faut donc pas confondre ses deux positions radicalement différentes. Deux postes du plan comptable s’offrent à vous suivant si vous êtes fournisseur ou acheteur. Si vous êtes vendeur, l’escompte accordé va être enregistré sous 665 (dans les charges financières). En revanche, si vous êtes acheteur, vous le comptabiliserez sous « 765 escompte obtenu » (produits financiers) qui correspond donc aux escomptes dont vous bénéficiez et non que vous octroyez.

Note

que l’on vous ait accordé un escompte ou que vous en fassiez bénéficier l’un de vos clients, l’escompte doit obligatoirement être enregistré dans votre comptabilité.

Dans notre premier exemple développé précédemment, la valeur de l’escompte obtenu ou accordé (et donc enregistré sous 765 ou 665) sera en toute logique identique et égal à 200,00 €.

Pour déterminer si l’escompte vaut la peine d’être utilisé, il est nécessaire de calculer le taux d’intérêt effectif du crédit fournisseur et de le comparer aux taux de crédit de votre banque. Le taux d’intérêt effectif du crédit fournisseur se calcule de la façon suivante :

(taux d’escompte x 360 jours d’intérêts) / (délai de paiement en jours - délai d’escompte en jours)

Exemple : 2 % d’escompte est accordé pour un paiement dans les 3 jours. Autrement, le paiement doit s’effectuer dans les 30 jours.

(2 x 360) : (30-3) = 26,66 %

Le taux d’intérêt effectif pour le crédit fournisseur est de 26,66 %

Si le taux d’intérêt calculé est supérieur au crédit du compte bancaire, alors il vaut mieux contracter un emprunt à court terme auprès de la banque.

Chaque entreprise va devoir suivant sa situation décider s’il vaut la peine pour elle d’avoir recours à l’escompte. Vos flux de trésorerie vont tout de même être un facteur décisif.

Pourquoi recourir à l’escompte commercial ?

Profiter d’une réduction sur sa facture est tentant pour le client, même si cette économie ne s’élève parfois qu’à quelques euros. Mis bout à bout, cela peut faire la différence sur le long terme, et ce en particulier pour les PME. De nos jours, les factures sont payées de plus en plus tardivement. Très souvent, les clients s’autorisent même à payer bien après le délai stipulé sur la facture. Les escomptes peuvent donc constituer un moyen convaincant pour que les fournisseurs puissent recevoir un paiement de manière anticipée.

Voici un aperçu des avantages qui peuvent convaincre l’une et l’autre partie.

Avantages pour le fournisseur

Le fait que la facture du client soit payée plus rapidement signifie que le fournisseur peut également s’acquitter plus rapidement de ses obligations de paiement. Ce dernier peut utiliser les escomptes pour compenser d’éventuels goulots d’étranglement. Les pertes dues à l’escompte sont généralement assez faibles comparées aux coûts qui pourraient survenir en cas de difficultés de paiement.

Gardez en tête tout de même qu’accepter un escompte reste à la libre appréciation du client. En tant que fournisseur, vous n’avez donc pas de garantie que le client accepte de payer de manière anticipée et vous pouvez vous retrouver à cours de liquidité. Une discussion au préalable avec votre client peut vous permettre de connaître ses intentions et vous organiser. Ne laissez néanmoins jamais transparaître à votre client vos éventuelles difficultés financières.

Avantages pour le client

Calculés sur l’année, les escomptes peuvent permettre d’économiser une somme d’argent relativement importante. Comme l’indique notre calcul ci-dessous, il vaut même parfois la peine de contracter un emprunt de court terme auprès de la banque pour utiliser l’escompte. En effet, tant que le taux d’intérêt effectif du fournisseur est supérieur au taux d’intérêt du crédit de la banque, le recours à un prêt sera plus avantageux.

Escompte commercial : comparaison avec les taux de crédit

Dans certains cas, il peut être judicieux de faire un emprunt à court terme pour profiter de l’escompte commercial proposé par le fournisseur. Toutefois, il est impératif de le vérifier au préalable, car il est tout à fait possible que les taux d’intérêt de la banque soient si élevés qu’il ne vaille pas la peine d’obtenir crédit.

Exemple :

Le montant à payer est de 5 000 €. Si le montant est payé dans les 10 jours, le client peut déduire un escompte de 2 %.

Est-il conseillé de faire un emprunt pour obtenir un escompte ?

Crédit fournisseur

2 % de 5 000 €.

Crédit bancaire

(Paiement anticipé qui permet de bénéficier  de l’escompte, soit une économie de 100 €)

(Emprunt bancaire à un taux d’intérêt annuel de 10 % sur 20 jours)

M = C  *  p  *  t 
     100  *  360

M =  4.900 * 10 * 20
          100  *  360

C = Coûts, p = pourcentage, t = jours/ temps

Coûts = 100 €  

Coûts = 27,22 €

Bénéfice de financement en profitant de l’escompte → 100 € - 27,22 € = 72,78 €.

Un crédit auprès de sa banque est souvent moins cher qu’un crédit auprès du fournisseur, mais dans tous les cas, une vérification préalable est indispensable.

Conseil

si aucun escompte n’est indiqué sur la facture (bien que nous le rappelons, ce soit une mention obligatoire), il vaut parfois la peine de demander à votre fournisseur s’il peut vous en accorder un. En règle générale, les entreprises y sont assez favorables et font des propositions.

Veuillez prendre connaissance des mentions légales en vigueur sur cet article.