Un océan rouge qui est depuis longtemps bien installé est le secteur vinicole : les débutants ont ainsi du mal à revendiquer des parts significatives. C’est pourquoi le producteur australien Casella Wines a suivi une autre voie avec son produit Yellow Tail. Au lieu d’entrer dans une longue bataille avec la concurrence établie, un nouveau groupe cible qui n’était auparavant pas consommateur de vin a alors été ciblé. Une étude anglo-saxonne fut réalisée en demandant aux buveurs de bière et de cocktails ce qu’ils n’aimaient pas dans l’offre de vin existante. Il en résulte que pour beaucoup le goût était trop amer ou trop sucré mais surtout que l’offre est trop complexe voire déroutante, et que l’image « snob » du vin reste encore fortement ancrée.
Ainsi, le producteur australien a utilisé la grille ERAC afin de se lancer principalement sur le marché américain sans concurrencer les vins européens sur leurs points forts (complexité du produit, qualité, prestige et savoir-faire). Pour cela, l’étiquette a été complètement libérée des attributs classiques (millésime, stockage en fûts, processus de maturation etc.). Le packaging est simplifié et modernisé : couleurs attrayantes et grille de lecture simple (uniquement la mention du nom du cépage). C’est en effet idéal pour les nouveaux consommateurs, américains de surcroît. Le logo de la marque est un Kangourou, faisant référence à l’origine de la marque : l’Australie.
Cette maison de vin se présente donc comme une marque « fun » et jeune évitant l’image négative et poussiéreuse que le groupe cible (les non-consommateurs) pouvait avoir d’une marque de vin en général. Pari réussi, puisque dès la première année de son lancement, la marque a vendu 1 million de bouteilles aux États-Unis, dépassant alors largement les prévisions. Et dans le monde entier, des non-consommateurs de vin ont acheté le produit. La marque Yellow Tail s’est donc parfaitement positionnée sur un segment de marché inexploité et a donc développé un Océan Bleu grâce à des innovations.