La dépréciation d’actifs : un enjeu crucial

Vous possédez un bien d’une certaine valeur, et pourtant, il ne vaudra peut-être pas le même montant dans 5 ans. Pour les entreprises aux stocks conséquents, cela peut représenter un enjeu capital.

Par conséquent, pour avoir une vision juste de votre inventaire ou de l’ensemble de vos actifs, il est nécessaire de prendre en compte leur moins-value. Cette opération est faite une fois par an, lors de la clôture de l’exercice : on parle alors de dépréciation. Un état des lieux est effectué et chaque dépréciation est enregistrée.

Si cette opération peut sembler utile pour déterminer la valeur réelle de ce que votre entreprise possède, c’est aussi une obligation comptable. Tour d’horizon sur ce qu’est la dépréciation d’un actif et comment vous pouvez l’inscrire dans vos comptes.

Qu’est-ce que la dépréciation d’un actif ?

Tout actif a une valeur brute ou nette comptable (VNC) : elle correspond à sa valeur au moment de l’achat. C’est souvent ce chiffre que l’on garde à tort en tête.

Lors d’une dépréciation, il est important de calculer la valeur actuelle (VA), c’est-à-dire la valeur de l’objet au moment présent. Ce chiffre prend alors en compte la perte de valeur d’un actif et est donc beaucoup plus significatif pour une entreprise. On parle également de valeur vénale pour parler de la valeur du bien à la revente.

Calculer la dépréciation va permettre de faire état d’un éventuel appauvrissement de l’entreprise. On évalue ainsi la différence entre la valeur nette comptable et la valeur vénale. En d’autres termes, il y a dépréciation lorsque : VNC > VA.

Au constat d’une perte de valeur, on procède alors à un test de dépréciation.

Remarque

Vous ne constaterez peut-être qu’une légère différence entre la valeur nette comptable de votre actif et sa valeur actuelle. Dans ce cas, il est inutile de procéder à une dépréciation. La valeur nette comptable est maintenue (Article 6.2 du Règlement n°2002-10 du 12 décembre 2002).

Dépréciation et comptabilité : le principe de prudence

Ainsi, plus les dépréciations sont grandes, et plus votre entreprise y perd. Il existe donc un principe de prudence dans la comptabilité générale qui oblige à prendre en compte cette perte. L’article 214-17 du Règlement de l’autorité des normes comptables stipule : « Si la valeur actuelle d’un actif immobilisé devient inférieure à sa valeur nette comptable, cette dernière est ramenée à la valeur actuelle par le biais d’une dépréciation. »

L’article précédent de ce même Règlement détaille en outre les critères minimums à considérer pour estimer si une dépréciation est à établir sur l’un de vos actifs. On prendra donc en compte des éléments externes tels que la « valeur de marché, les changements importants, les taux d’intérêt ou de rendement », et des éléments internes, à savoir « obsolescence ou dégradation physique, changements importants dans le mode d’utilisation, performances inférieures aux prévisions. »

Par ailleurs, il existe une norme internationale nommée IAS 36 « Dépréciations d’actifs ». Cette norme a été souvent modifiée pour se conformer à de nouvelles dispositions de l’Union Européenne.

Note

Il peut être tentant d’arranger les chiffres à sa manière afin que votre comptabilité soit la plus avantageuse possible. Si la dépréciation laisse une petite marge de liberté dans les estimations, vous avez toutefois l’obligation d’estimer au plus juste la moins-value. Autrement, on pourrait vous accuser de procéder à ce que l’on appelle de la comptabilité créative.

Comment enregistrer une dépréciation dans sa comptabilité ?

La dépréciation s’inscrit aux charges sous la classe 68 du plan comptable, c’est-à-dire à « Dotations aux amortissements, aux dépréciations et aux provisions ». Si vous voulez en savoir plus sur l’amortissement et ses méthodes de calcul, vous pouvez consulter notre article dédié.

Suivant l’actif concerné, l’enregistrement de la dépréciation s’effectuera à différents niveaux :

  • Les immobilisations incorporelles et corporelles = 6816
  • Les stocks = 68173
  • Les titres = 6866
  • Les créances clients = 68174

Prenons l’exemple d’une immobilisation pour laquelle on doit enregistrer une dépréciation. Le compte 68161 s’applique si c’est une immobilisation incorporelle, et 68162 s’il s’agit d’une immobilisation corporelle. En parallèle au crédit, on fera appel au compte 29 « dépréciation des immobilisations ».

Par ailleurs, il sera nécessaire de dresser un tableau des dépréciations pour l’annexe comptable de fin d’exercice. Ce tableau peut prendre la forme suivante (forme suggérée dans l’article 13.2 du Règlement ANC) :

  Dépréciations au début de l’exercice Augmentations Diminutions Dépréciations à la fin de l’exercice
Immobilisations incorporelles        
Immobilisation corporelles        
Total        
En résumé

La dépréciation peut faire peur. Si elle ne constitue pas une opération compliquée à enregistrer dans sa comptabilité, elle pose tout de même des questions fondamentales sur la valeur de son stock. N’hésitez pas à procéder pas à pas pour ne pas comptabiliser des chiffres qui ne sont ni fidèles à l’état réel de votre stock et de vos actifs, ni pertinents pour votre comptabilité.

Veuillez prendre connaissance des mentions légales en vigueur sur cet article.