Ce qui définit notamment un emploi salarié est le lien de subordination qui existe dans le contrat de travail. C’est en effet une notion qui est centrale pour tout contrat entre un salarié et un employeur. Cette notion n’est pas explicitement définie dans le Code du travail, c’est la Cour de cassation qui a clairement posé la définition du lien de subordination dans les termes suivants : « Le lien de subordination est caractérisé par l’exécution d’un travail sous l’autorité de l’employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné. Le travail au sein d’un service organisé peut constituer un indice du lien de subordination lorsque l’employeur détermine unilatéralement les conditions d’exécution du travail. » (Cass. Soc., 13 novembre 1986).
Ce lien de subordination est pivot pour distinguer le contrat de travail du contrat de freelance ou de prestations de services. En effet, dans le cas de figure d’un contrat avec un indépendant, freelance ou micro-entrepreneur, ce lien de subordination doit être absent. Enfin, le lien de subordination n’est pas nécessairement issu de ce qui est écrit dans le contrat. Mais c’est bien dans le comportement réel à la fois du client et du prestataire et dans leur relation, que ce lien de subordination sera caractérisé ou non. Cela signifie que la relation concrète entre les deux parties prime sur le contrat rédigé.
À ce sujet, la Cour de cassation du 6 mai 2016 a précisé que « l’existence du contrat de travail ne dépend ni de la volonté des parties, ni de la qualification donnée à la prestation effectuée (salaires, honoraires, indemnités etc.), mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité du travailleur ». Cela signifie donc qu’une requalification de la relation peut être possible quand bien même les parties sont consentantes à travailler dans ces conditions.
Les principaux critères pour qualifier le lien de subordination sont les suivants :
- être soumis à un agenda et des horaires décidés par l’employeur ;
- travailler dans un lieu imposé par l’employeur ;
- utiliser du matériel donné par l’entreprise ;
- posséder une adresse email de l’entreprise ;
- recevoir des ordres et des instructions de l’employeur.
Mais plus simplement, une dépendance économique trop forte envers un seul client (une entreprise), complétée avec d’autres indices peut suffire pour prouver et alors qualifier le lien de subordination.