D’un point de vue purement commercial, la fonction de compliance a des motivations essentiellement stratégiques : en effet, tout comme les personnes physiques, les entreprises, en tant que personnes morales, doivent se conformer aux lois nationales et internationales en vigueur. En France, la loi stipule que les sociétés et les mandataires sociaux doivent veiller à ce qu’aucune violation de la loi (code du travail, code civil etc.) ne se produise dans une société.
Ne pas le faire pourrait entraîner des sanctions telles que des amendes, une capture des profits ou même l’arrestation et des peines de prison. En outre, il existe des conséquences etdes coûts internes et externes qui peuvent être encourus par l’entreprise défaillante, tels que des conséquences pour le personnel ou des demandes de dommages et intérêts de la part des clients et des partenaires commerciaux. Toutefois, ces sanctions ne se limitent pas à une seule société, mais peuvent affecter l’ensemble d’un groupe, d’une société mère et même d’un secteur d’activité. Évidemment, une assurance n’offre pas de protection dans un tel cas.
Le principal rôle de conformité est donc d’éviter ou d’identifier rapidement les comportements criminels et d’y réagir de manière appropriée afin de minimiser le risque économique qui peut en résulter. Bien qu’il ne soit pas possible d’éviter ainsi des infractions délibérées aux règles, l’existence de mesures de conformité peut conduire toutefois à une réduction de la responsabilité des gestionnaires. La prise en compte d’un système de contrôle interne pour réduire les sanctions dépend toutefois toujours du cas d’espèce.
Le « dieselgate », scandale sanitaire et industriel sur les normes de pollution occupe les médias, l’industrie et les politiques depuis septembre 2015. C’est un exemple bien connu de violation de la conformité : le groupe Volkswagen a admis avoir utilisé un système et des techniques pour réduire frauduleusement les émissions polluantes de ses moteurs notamment diesel pendant les tests d’homologation et cela depuis janvier 2013. En manipulant simplement les niveaux d’oxyde d’azote pour pouvoir contourner les normes d’émission applicables, une violation délibérée de la loi a donc été ordonnée par la direction. Depuis lors, le groupe n’a cessé d’attirer l’attention du public et des médias : Martin Winterkorn, PDG de la société, a démissionné de son poste, et risque 25 ans de prison. Mais c’est toute l’industrie automobile qui se trouve par conséquent dans une crise grave et d’autres marques, comme Chrysler ou Renault, sont aussi suspectées, de nombreuses enquêtes pénales et civiles sont en cours.
De nombreux constructeurs automobiles sont de plus en plus forcés d’évoluer du fait des pressions des associations de consommateurs, clients et la justice. Les conséquences financières ne peuvent pas encore être pleinement prévues, mais dans le pire des cas, le fleuron de l’industrie allemande Volkswagen devra faire face à des coûts totaux pouvant atteindre 100 milliards d’euros.