Règlement général sur la protection des données (RGPD) : explications et résumé des nouveautés

Le règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE vise à réglementer le traitement des données personnelles et à établir ainsi une législation uniforme en matière de protection des données. Le RGPD s’applique aux 27 États membres de l’UE, mais près de quatre ans après l’entrée en vigueur du dernier amendement, on ne peut toujours pas vraiment parler d’une réforme de la protection des données valable à l’échelle européenne. Les experts et les associations de protection des consommateurs critiquent l’inertie des législateurs européens et nationaux, les entreprises s’agacent surtout de la bureaucratie supplémentaire et de la situation juridique parfois opaque. Nous vous proposons ci-dessous un résumé de la situation juridique actuelle et présentons dans une check-list les mesures que vous devriez prendre dans votre entreprise.

Urgence : pas de directive mais un règlement

Les lois ou directives européennes prennent en général beaucoup de temps pour s’appliquer, même après une entrée en vigueur officielle. En effet, si une nouvelle directive européenne est adoptée après de longs débats par le parlement à Bruxelles et à Strasbourg, les 27 états membres se voient souvent accorder des périodes transitoires plus ou moins généreuses pour intégrer la loi dans la législation nationale. Ainsi, un temps parfois important peut s’écouler avant la mise en œuvre concrète.

Cependant, en plus des directives, il existe un deuxième type de législation européenne : ce sont les règlements. Ces derniers n’offrent pratiquement aucune souplesse en termes de délai d’application. Ils sont juridiquement contraignants pour l’ensemble des pays membres et touchent bien entendu les entreprises qui travaillent dans l’espace européen. C’est le cas du RGPD qui est un règlement et non une directive.

En mai 2016, le règlement européen sur la protection des données a été définitivement adopté par le Parlement européen, avec une période transitoire de deux ans, et est entré en action le 25 mai 2018. Depuis cette date, ce règlement fait office de loi officielle sur la protection des données pour tous les états membres de l’UE, surpassant toutes les législations nationales existantes. Ainsi, toutes les entreprises et autorités publiques qui travaillent avec des données à caractère personnel doivent mettre en œuvre désormais les nouvelles dispositions imposées par l’UE.

L’application du RGPD a commencé à produire ses premiers résultats. La CNIL, qui est en France chargée de collecter les manquements et les cas de violations du droit défini par le règlement européen a réalisé un bilan chiffré en 2021. On y apprend que 69 % des Français se disent plus sensibles à la question de la protection de leurs données personnelles. Plus de 13 500 notifications de violations de données ont été reçues par la CNIL, soit 2/3 d’augmentation depuis la mise en place du RGPD. Dans le même temps, 80 000 organismes ont désigné un délégué à la protection des données (DPO : nous expliquons son rôle plus en avant dans notre article). Ce bilan plutôt positif sur la mise en application du RGPD révèle cependant qu’il reste encore du chemin à parcourir pour que l’ensemble des acteurs du Web (entreprises, organismes et administrations) adaptent leurs structures et systèmes informatiques aux exigences du RGPD.

Mais qu’en est-il dans la pratique ? Pour cela, il vaut la peine de jeter un coup d’œil aux statistiques. Le service juridique Data Legal Drive réalise chaque année une étude représentative dans le cadre de laquelle plus de 300 entreprises françaises sont interrogées sur le thème de la protection des données et sur leurs efforts en matière de RGPD. Si l’on compare l’enquête de 2020 avec l’enquête de 2021, il apparaît clairement que la majorité des entreprises (47 %) ont désormais mis en œuvre l’intégralité ou du moins la majeure partie des dispositions du RGPD. Un site Web sur deux est désormais en conformité avec le RGPD, contre un sur trois en 2019 et 2020.

Les nouveautés du RGPD créent des problèmes aux entreprises

Il est vrai que les obstacles sont aussi l’incertitude juridique et le manque de clarté de la mise en œuvre du RGPD. D’où également la réaction du législateur français pour adapter et préciser la loi national avec le RGPD avec l’ordonnance du 12 décembre 2018. Son but est de simplifier la mise en œuvre et d’apporter des corrections pour être cohérent avec le règlement européen relatif à la protection des données à caractère personnel. Le texte procède donc à la réécriture de l’ensemble de la loi « Informatique et Libertés » de 1978. De plus, elle précise les missions de la CNIL.

De nombreuses personnes concernées estiment que l’obligation de demander d’abord un accord concret à l’utilisateur pour chaque échange de données et de l’informer de l’utilisation des données est inacceptable. En outre, les 37 % des entreprises qui n’ont pas encore mis en œuvre le RGPD estiment qu’il est nécessaire d’améliorer et de simplifier le processus de conformité avec des étapes claires. En fin de compte, même après trois ans de RGPD, de nombreuses entreprises ne savent toujours pas comment intégrer les nouvelles règles de protection des données dans leur propre réseau informatique, malgré les efforts d’informations de la CNIL.

Citation

« De nouvelles fiches explicatives pour comprendre et maîtriser les codes de conduite (pour harmoniser des pratiques au niveau d’un secteur d’activité) ou des règles d’entreprise contraignantes (politique de protection des données intra-groupe en matière de transferts de données personnelles hors de l’Union européenne), mais également la certification (d’un produit, service, processus ou système de données) sont ainsi disponibles sur cnil.fr. » – Rapport d’activité de la CNIL 2020.

Résultat : pour les nombreux entrepreneurs, la situation juridique compliquée se traduit par des de nombreuses sanctions ! En cas d’infraction, les entreprises concernées par le RGPD sont menacées de lourdes amendes pouvant s’élever jusqu’à 20 millions d’euros ou, dans le cas d’une entreprise, jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial. Des entreprises prestigieuses telles que Google ou Meta (anciennement Facebook) ont déjà dû payer pour leurs négligences en matière de protection des données. Selon le cabinet d'avocats DLA Piper, la France à elle seule a infligé près de 55 millions d'euros d’amendes depuis l'entrée en vigueur du règlement, avec plus de 5 300 infractions signalées.

Compléments : clauses d’ouverture et nouvelle loi française

Les règlements de l’UE l’emportent sur les lois nationales ou sur le droit des États membres, c’est ce que l’on nomme le principe de primauté. Toutefois, le règlement général sur la protection des données comporte certaines clauses d’ouverture qui permettent aux États membres d’amoindrir ou de renforcer certaines règles ou dispositions sur la protection des données. C’est le cas par exemple de l’article 8 du règlement qui fixe à 16 ans le seuil d’âge à partir duquel un mineur pourra donner son consentement à ce que ses données personnelles puissent être collectées par des entreprises (Snapchat, Facebook etc.), mais laisse cependant aux parlements nationaux la possibilité de descendre jusqu’à 13 ans ; chaque pays est ainsi libre de renforcer cette disposition.

En France, pour l’instant, la majorité numérique a été fixée à 15 ans. Ainsi à partir de cet âge, un mineur peut consentir seul à un traitement de données à caractère personnel. Par contre, en dessous de 15 ans, l’accès aux données personnelles du mineur est soumis au double consentement de ce dernier et du titulaire de l’autorité parentale.

Mission : unification européenne du droit sur la protection des données

Le règlement général sur la protection des données a pour objectif principal d’harmoniser au niveau européen le cadre juridique relatif à la protection des données. Alors que la directive de 1995 en vigueur dans l’espace européen offrait une certaine souplesse, le nouveau règlement donne lui beaucoup moins de possibilités d’actions unilatérales au niveau national.

Un deuxième domaine essentiel abordé par le RGPD concerne les changements technologiques intervenus au cours des 25 dernières années et les évolutions techniques futures. En effet, de nombreux défis en matière de protection des données sont encore à relever, par exemple au niveau de la collecte des données biométriques auprès des employés qui peut être obligatoire pour certains travaux sur des machines intelligentes. Il existe bien évidemment la tentation d’utiliser ces données à d’autres fins comme notamment pour calculer ou surveiller le rendement. Le nouveau règlement européen devrait également répondre à de tels développements ou de possibles dérives.

Contenu : développer des principes éprouvés

Un résumé du règlement général sur la protection des données doit en premier lieu aborder les changements liés aux données à caractère personnel. C’est notamment là que se produisent les changements les plus importants, et même si ce n’est pas le but originel du règlement européen général sur la protection des données, le RGPD renforce nettement la protection des données des particuliers. Tout un ensemble de paragraphes permet de réglementer et encadrer la collecte de données personnelles d’une manière compréhensible et appropriée.

Par exemple, la responsabilisation des entreprises, le processus de mise en conformité d’une entreprise (accountability) a été étendu : depuis la mise en place du règlement, des obligations plus contraignantes pour documenter et prouver quelles données une entreprise collecte sont obligatoires, et surtout à quelles fins une entreprise utilise ces données et enfin comment elle les traite. Le règlement général sur la protection des données ordonne avant tout un travail de documentation.

Les principes les plus importants en bref :

  1. Interdiction de principe avec réserve d’autorisation : cela signifie que tout traitement de données à caractère personnel et « sensible » est interdit, à moins qu’il ne soit expressément autorisé à la fois par les personnes et par une autorité : en France, il s’agit de la CNIL. Ceci a provoqué auparavant de nombreuses controverses et des conflits juridiques. Mais toutes les données n’ont pas la même importance et il existe des données jugées « sensibles » comme la santé, les opinions, les origines ethniques, etc. Cependant, selon le RGPD, ce principe d’interdiction s’applique indifféremment à toutes les données personnelles. Il réaffirme donc le principe de la maîtrise par l’individu de ses données, et toute personne dispose ainsi du droit de décider et de contrôler les usages des données à caractère personnel la concernant.
     
  2. La finalité : les entreprises ne peuvent collecter et traiter les données qu’à des fins spécifiques. Pour ce faire, les objectifs doivent être formulés avant la collecte, et l’utilisation future des données doit être documentée. Par exemple, dans le monde du travail, les données collectés par une entreprise pour rédiger un contrat sont stockées à ce titre et ne peuvent être utilisées à des fins publicitaires. Il s’agit là d’un autre objectif qui nécessite une justification particulière. Les changements d’objectifs ultérieurs ne sont autorisés que dans certaines circonstances.
     
  3. Minimisation de la collecte : le principe de limitation ou de minimisation de données oblige les entreprises à collecter le moins de données possible. Seules les données strictement nécessaires à la réalisation de l’objectif peuvent être collectées, le fait de recueillir des données non pertinentes à la finalité énoncée est donc interdit. Ainsi, ce principe interdit la collecte de données « en aveugle » pour constituer des réserves.
     
  4. Transparence : le traitement des données doit être clairement énoncé et compréhensible pour les personnes concernées. Ceci nécessite d’une part des déclarations de protection de données compréhensibles (des mentions d’information) et d’autre part, les utilisateurs bénéficient de droits étendus grâce aux progrès apportés par le RGPD : comme auparavant, les entreprises doivent fournir des informations sur les données dont elles disposent et sur l’utilisation de ces dernières.
     
  5. Confidentialité : les entreprises doivent s’assurer qu’elles protègent les données personnelles de leurs clients sur le plan technique et organisationnel, qu’il s’agisse d’une protection contre un traitement non autorisé, d’altérations des données, de vols ou encore de la destruction des données. L’obligation explicite de prendre des mesures techniques pour sécuriser les données est nouvelle. Cependant, ces mesures ne sont pas précisément formulées dans le règlement européen de protection des données ; il existe donc plusieurs interprétations possibles. Dans le cas d’un vol de données, ceci va dépendre de l’adéquation des mesures de protection techniques et d’organisation en fonction du risque et du type de données collectées.

Les acteurs : entreprises et les délégués à la protection des données

Tout d’abord, le règlement général sur la protection des données est une bonne base et une avancée pour tous les consommateurs, internautes et utilisateurs de systèmes informatiques. En effet, le RGPD assure une protection accrue. De plus, ce règlement européen affecte également les droits des employés.

Ces règles s’appliquent à toutes les entreprises qui emploient des salariés. Par ailleurs, de nombreuses entreprises sont concernées à plusieurs titres : la protection de la vie privée des employés (protection des données du travail) mais aussi des données clients, fournisseurs ou les utilisateurs des sites Web.

Désormais, toutes les autorités publiques et toutes les entreprises dont l’activité principale est liée au traitement de données à grande échelle doivent désigner un délégué à la protection des données, qui sera responsable, à l’échelle de l’institution ou de l’entreprise, de tous les sujets en rapport à la protection des données et de la mise en application du RGPD. Selon le règlement européen sur la protection des données, la désignation d’un tel délégué est obligatoire pour les autorités ou organismes publics et pour les entreprises dont les activités de base les amènent à réaliser un suivi régulier et systématique des personnes à grande échelle, et/ou dont les activités de base amènent à traiter à grande échelle des données dites « sensibles ». Ainsi, de nombreuses entreprises sont concernées par la désignation d’un délégué, et il peut même être judicieux pour d’autres entreprises de le faire également, afin d’aider et de garantir la sécurité juridique du processus de conformité au règlement général sur la protection des données.

Le RGPD modifie et encadre fondamentalement le rôle déjà existant au niveau national du Correspondant Informatique et Libertés (CIL). Son champ d’activité est élargi et sa responsabilité augmente. Cette tâche implique beaucoup de travail et le délégué doit se familiariser avec la nouvelle situation juridique. Pour cela, la Cnil offre un aperçu des obligations du délégué à la protection des données, qui est utile pour bien comprendre le rôle de ce dernier. Enfin, il est possible de retrouver sur ce sujet les lignes directrices de l’article 29 sur la protection des données sur les délégués à la protection des données (DPD).

Vous trouverez ci-après un résumé du règlement général sur la protection des données, qui tient compte en particulier des innovations et changements pour les exploitants de sites Web et pour les entreprises.

Note

Vous êtes client IONOS ? Vous trouverez ici une check-list spécialement conçue pour les clients IONOS, avec toutes les informations auxquelles vous devez faire attention en tant que gestionnaire de site Web pour que celui-ci soit conforme au nouveau règlement général sur la protection des données.

RGPD : conséquences pour les entreprises et les gestionnaires de sites Web

Même s’il n’y a pas de réorientation fondamentale de la protection des données, le règlement européen a apporté de nombreux changements dans les détails. Il est impératif que les entreprises en tiennent compte et les intègrent dans leurs processus de travail, dès la phase de construction d’un workflow qui implique des personnes (privacy by design). Sinon, le droit européen n’est pas respecté. Viennent ensuite les règlementations les plus importantes auxquelles les entreprises doivent se conformer, en particulier dans le domaine du commerce en ligne.

Sécurité générale des données dans les entreprises

  • Data Protection Impact Assessment (DPIA) : en français, on parle de l’analyse d’impact relative à la protection des données. Les organismes et les entreprises sont tenus d’évaluer les risques, et doivent préciser les mesures de protection en place pour réduire au maximum les risques, surtout lorsqu’une entreprise souhaite utiliser le Cloud-Computing. En effet, le cloud computing implique souvent la manipulation de grandes quantités de données personnelles. Les entreprises qui stockent des données sur la santé sont encore plus touchées car ces données sont considérées comme particulièrement sensibles, et leur traitement est particulièrement contraignant pour les personnes concernées.
     
  • Données personnelles des employés : la manière dont les entreprises traitent les données de leurs employés est aussi prise en compte. C’est pourquoi le RGPD concerne aussi les ressources humaines, ce département doit donc tenir compte des modifications.
     
  • Délégué à la protection des données : pour de nombreuses entreprises, avoir un délégué à la protection des données est désormais obligatoire. Il est responsable du contrôle de la stratégie de protection des données et de la conformité avec le RGPD. Ceci ne s’applique pas uniquement aux entreprises qui travaillent avec des données personnelles à grande échelle. Un institut ou une entreprise qui travaille par exemple avec des données « sensibles », même en faible volume, peut être obligée de respecter cette obligation.
     
  • Obligations de sécurité et de notification : le règlement général sur la protection des données est nettement plus strict sur la manière de traiter les incidents de sécurité. En effet, tout accident de sécurité doit être signalé dans les 72 heures suivant le signalement, aussi bien aux autorités compétentes qu’aux personnes concernées.
     
  • Responsabilité et amendes : avec cette réforme européenne, les entreprises sont plus facilement tenues responsables d’incidents ou de violations des données que ces dernières collectent, et ceci implique aussi en conséquence de fortes amendes.

Sécurité des données personnelles

  • Documenter la conformité : le RGPD met l’accent sur la responsabilité des entreprises, plus connue sous le terme d‘accountability. En effet, les entreprises sont obligées de documenter leur bonne conformité en matière de protection des données via une documentation interne. Les entreprises doivent être en mesure d’informer à tout moment les autorités compétentes, par le biais d’une liste correspondante, des données stockées, de la finalité et du traitement des données ainsi que la date à laquelle l’entreprise compte supprimer ces données.
     
  • Privacy by Design : la notion de Privacy by Design signifie que les entreprises doivent dès la conception de la structure technique des processus tenir compte du respect de la protection des données. Il n’est plus autorisé de mettre en œuvre des mesures de protection de données de manière rétrospective : il faut les intégrer dès la conception d’un processus, service ou produit. De plus, ces derniers doivent donc être conçus de manière à ce qu’ils requièrent le moins de données personnelles possible (principe dit de « minimisation »).
     
  • Privacy by Default : ou protection de la vie privée par défaut, cette disposition du règlement européen sur la protection des données stipule qu’en principe, la variante la plus respectueuse de la protection des données doit être techniquement prédéfinie et doit garantir le plus haut niveau de sécurité. Cela afin d’éviter aux consommateurs de devoir faire face à des réglages techniques compliqués pour obtenir des restrictions sur le traitement des données.
     
  • Transparence et consentement : dans la majorité des cas, les individus doivent accepter explicitement l’utilisation de leurs données personnelles. En outre, le consentement de l’employé ou du consommateur n’est valable que pour les objectifs énoncés. De plus, la déclaration de consentement doit être formulée de manière claire et compréhensible et doit en principe être révocable. La révocation doit être aussi facile pour la personne que de donner son accord (consentement). Les exigences au niveau du consentement effectif ont été renforcées dans le cadre du RGPD. Un déséquilibre grave entre les parties peut exclure le caractère volontaire, tout comme le fait de lier l’octroi à la conclusion du contrat.
     
  • Suppression des données : les données personnelles ne peuvent être conservées que pour la durée nécessaire à l’objectif poursuivi. Si l’autorisation de traitement expire (par exemple si le consentement est révoqué), les données doivent être supprimées.
     
  • Droit d’information et au déréférencement : les citoyens de l’Union européenne ont le droit de savoir, sur demande, quelles données sont détenues par une entreprise et comment elles sont utilisées. De plus, un consommateur peut aussi demander aux entreprises de supprimer les données. C’est notamment le droit au référencement qui est ainsi stipulé dans le RGPD.

2ème conséquence : les exploitants de sites Web doivent être vigilants

Le règlement général sur la protection des données ne contient pratiquement pas de règles explicites pour l’e-commerce, mais énonce plutôt des principes généraux de la protection des données, dont les sous-domaines sont régis par d’autres lois et ordonnances. Néanmoins, les règles du RGPD apportent aussi quelques innovations pour le commerce en ligne. A ce sujet, pour plus d’informations, vous pouvez consulter les deux sections suivantes.

Ce qui n’a pas changé

Outre les réglementations susmentionnées pour les entreprises, le RGPD implique finalement peu de changements pour le commerce en ligne. Les thèmes centraux pour les exploitants de sites Web comme les cookies, le suivi des utilisateurs, le spam et le marketing direct ne figurent pas explicitement dans ce règlement.

Mais le RGPD a en effet été complété par un autre règlement du Parlement européen sur la protection de la vie privée en ligne : c’est l’ePrivacy. Le 23 octobre 2017, le Parlement européen a voté la proposition de règlement, qui vise à modifier la directive du même nom qui date de 2002. Toutefois, il n’est pas encore possible de prévoir quand ce règlement supplémentaire entrera en vigueur, car les États membres de l’UE ne se sont pas encore mis d’accord sur une ligne commune. En effet, le projet en cours de discussion prévoit une exigence de consentement très stricte pour les cookies. Et si le texte est définitivement adopté dans son état actuel, il aura de sérieuses répercussions sur l’utilisation des cookies, le ciblage et la publicité personnalisée. Il faut donc encore attendre de voir comment ce texte va être modifié.

Néanmoins, les exploitants de sites Web et les acteurs en e-commerce doivent absolument surveiller l’évolution du règlement ePrivacy dit aussi « vie privée et communications électroniques » puisqu’il vise à renforcer la protection de la vie privée des citoyens européens dans le domaine du numérique.

Ce qui a changé

Qu’est-ce qui a changé pour les exploitants de sites Web avec le règlement général de l’UE sur la protection des données ? Voici les principaux changements pour les gestionnaires de sites Web :

  1. L’obligation de documenter la conformité avec le règlement général sur la protection des données
  2. Des consentements et autorisations plus complexes
  3. Les principes de Privacy by Design et Privacy by Default
  4. L‘extension des droits à l’information et au déréférencement (suppression des données).
  5. Le droit à la transférabilité des données
  6. Des exigences d’information beaucoup plus étendues (par exemple pour la déclaration de protection des données d’un site Internet)
  7. Interdiction de subordonner le consentement à l’exécution d’un contrat
  8. Amendes très élevées
Remarque

Le consentement à la protection des données et la déclaration de la protection des données doivent être strictement distingués. Le consentement de l’utilisateur, qui est requis pour tout traitement de données n’étant pas autorisé par une norme juridique, signifie une confirmation active de l’utilisateur : ce dernier accepte les conditions de protection des données de la part de l’entreprise. La déclaration de protection des données est, par contre, le texte dans lequel l’entreprise explique et présente aux utilisateurs ses mesures de protection des données. Ce texte est obligatoire sur tous les sites Internet.

La principale nouveauté du RGPD pour les exploitants de sites Internet est le consentement au traitement des données. En effet, le consentement doit désormais relever d’un « acte positif clair » de la personne avec une liberté de choix. Cela signifie notamment que dans le formulaire une case pré-cochée au consentement va désormais être interdite. Il faut que la personne coche elle-même la case signifiant qu’elle donne son consentement. Il est désormais également prévu que la personne puisse retirer son consentement aussi facilement qu’elle l’a donné. Ce dernier point est une avancée au niveau du droit des données personnelles.

Enfin, les experts considèrent que le fait que l’exécution d’un contrat ne doive pas être subordonnée au consentement est la plus grande restriction imposée par le règlement général sur la protection des données. Ainsi, si vous demandez l’abonnement à une newsletter en même temps que la conclusion d’un contrat (réalisation d’un achat), vous êtes en violation avec le cadre du droit communautaire de l’Union européenne.

Citation

« Au moment de déterminer si le consentement est donné librement, il y a lieu de tenir le plus grand compte de la question de savoir, entre autres, si l‘exécution d’un contrat, y compris la fourniture d’un service, est subordonnée au consentement au traitement de données à caractère personnel qui n’est pas nécessaire à l’exécution dudit contrat ». Art. 7 alinéa 4 du RGPD sur la subordination d’un contrat au consentement (Source : http://www.privacy-regulation.eu/fr/7.htm)

Au final, il ne faut pas oublier aussi les modifications apportées au niveau de la documentation, des autorisations, du stockage des données, des droits d’informations et enfin du droit de suppression.

RGPD : les principales mesures pour les entreprises et les gestionnaires de sites Web

Si vous désirez appliquer le règlement européen de base sur la protection des données, la première règle est déjà de savoir que les mesures requises varient d’une entreprise à une autre. Cependant, il y a certaines mesures et précautions que toute entreprise doit obligatoirement prendre en compte. Nous les listons ci-dessous :

  • Établir une documentation de conformité pour le traitement des données personnelles.
  • Définir une liste des activités de traitement.
  • Établir des moyens de communications pour les requêtes et demandes des clients et des utilisateurs au sujet de la protection des données.
  • Vérifier si vous devez désigner un délégué à la protection des données.
  • Adapter la politique de confidentialité de votre site Internet à la nouvelle réglementation.
  • Consulter le responsable de votre département technique et le délégué à la protection des données pour déterminer si les mesures techniques actuelles de protection des données sont suffisantes. Dans certains cas, des mesures complémentaires peuvent être prises ou alors il peut suffire de mieux intégrer vos mesures existantes dans l’infrastructure informatique.
  • Toutes les données personnelles collectées qui violent l’interdiction de la subordination d’un contrat au consentement doivent être collectées différemment et en tant que données fournies de manière volontaire.
  • Si vous avez chargé des prestataires de services externes (sous-traitance) d’administrer et de gérer les données personnelles de votre entreprise, vous devez préciser avec eux si les accords conclus correspondent à la réforme de la protection des données, et si nécessaire modifier vos accords pour être en conformité avec les nouvelles spécifications.
  • Vérifiez comment vous obtenez l’accord, le consentement de vos clients dans votre boutique en ligne et adaptez la procédure en fonction du RGPD.
  • Restez attentif à l’application du règlement ePrivacy et notamment à sa date d’application car il va réglementer la façon dont les boutiques en ligne peuvent utiliser les cookies et les outils d’analyse.
  • Si vous n’êtes pas sûr, n’hésitez pas à faire appel aux conseils d’un professionnel.
Conseil

Le saviez-vous ? Le RGPD veille à ce que vos données personnelles soient protégées contre tout traitement non autorisé ou illégal. C’est pourquoi, dans le cadre du RGPD, nous recommandons l’utilisation d’un certificat SSL pour votre site web ou votre boutique en ligne.

Réactions au RGPD : compliments et critiques

La majorité des politiques avaient un avis assez positif lorsque le règlement général sur la protection des données a été adopté. En effet, ce dernier apporte une sécurité juridique pour les citoyens, consommateurs et cela garantit pour les entreprises des conditions de concurrence équitables entre les différents acteurs du marché européen. En France, la CNIL a donné son avis, et salue cette nouvelle étape. Elle souligne que le projet de loi joue pleinement le jeu du Règlement et de l’harmonisation, et note que ce cadre « renforce en effet les droits des personnes, responsabilise davantage l’ensemble des acteurs qui traitent des données personnelles ». En revanche, la Commission a émis quelques critiques et « regrette que d’autres propositions n’aient pas été retenues, tendant notamment à l’ajout de garanties supplémentaires lors de l’utilisation de traitements algorithmiques ».

Premiers effets du RGPD sur les entreprises et changements pour les internautes

Un premier changement assez radical et visible est le fait que certaines entreprises américaines coupent désormais l’accès aux internautes européens. En effet, au lieu de modifier leurs propres directives et règles sur la protection des données pour se conformer au RGPD, de nombreuses entreprises américaines et des sites d’information dont de nombreux journaux comme le New York Daily ou encore le Chicago Tribune, bloquent purement et simplement les internautes avec des adresses IP européennes. D’autres sites réduisent l’information offerte ou bien ne l’active que moyennant des frais supplémentaires. De nombreux détracteurs du RGPD avaient déjà alarmé sur ce scénario.

L’introduction du RGPD a aussi eu un inconvénient pour les clients, consommateurs et internautes. En effet, pendant des semaines, ces derniers ont reçu d’innombrables emails des boutiques en ligne et d’entreprises présentant leurs nouvelles lignes directrices en matière de protection des données et demandant une déclaration de consentement. Beaucoup des destinataires étaient peu réceptifs et finalement peu intéressés par la lecture complète de textes juridiques extrêmement longs. La solution fut pour beaucoup de simplement cliquer sur le bouton « confirmer ».

Enfin, les premières plaintes viennent d’être déposées partout en Europe. En France, c’est la Quadrature du Net, association de défense des internautes, qui a déposé cinq plaintes contre les géants du Web : Google, Apple, Facebook, Amazon et LinkedIn. L’association accuse ces sociétés d’exploiter de manière illégale les données à caractère personnel des usagers. Il faut noter que ce sont des plaintes collectives qui rassemblement plus de 12 000 personnes.

Suite à ces plaintes, la CNIL a procédé à plusieurs contrôles afin de vérifier la conformité à la loi et au RGPD notamment pour Google. Elle a constaté particulièrement deux séries de manquement au règlement comme l’explique de manière détaillée l’article du magazine le nouvel OBS.

La première concerne l’obligation de transparence et d’information, la CNIL estime en effet que les informations fournies par Google ne sont pas suffisamment accessibles pour les utilisateurs. La seconde touche au recueillement du consentement et estime l’information trop restreinte et ne permet donc pas à l’utilisateur de prendre conscience de l’ampleur du consentement. De plus, il n’est pas « spécifique » et « univoque ». Ainsi la Commission informatique et libertés a infligé à Google une sanction de 50 millions d’euros en janvier 2019, et la CNIL une amende de 150 millions d’euros en janvier 2022. Amazon, quant à elle, a été condamnée à payer une amende de 35 millions d’euros en décembre 2020 pour avoir déposé des cookies publicitaires sur les ordinateurs d’utilisateurs sans consentement préalable.

Le RGPD va déjà fêter ses quatre ans en mai 2022. On commence donc à pouvoir mieux quantifier les sanctions et changements et ainsi faire un bilan plus complet. Le cabinet d’avocats international DLA Piper a récemment réalisé une enquête sur le nombre de notifications recensés depuis le RGPD. On compte ainsi plus de 120 000 notifications en Europe en 2020, dont 5389 en France. Les sanctions ont atteint au total 158,5 millions d’euros en Europe.

Note

Dans d’autres régions du monde, la protection des données joue désormais également un rôle de plus en plus important pour l’utilisation quotidienne d’Internet et d’applications Web. Par exemple, le gouvernement de l'État américain de Californie a adopté le California Consumer Privacy Act. Cette loi est, sur de nombreux points, assez similaire au RGPD.

Veuillez prendre connaissance des mentions légales en vigueur sur cet article