Il existe également, dans le cadre de la défense de la diversité d'opinion, des voix qui critiquent la théorie de la bulle de filtres. Ce qui serait particulièrement discutable, c'est l'influence réelle d'une bulle de filtres et la question de savoir si Internet ou les algorithmes correspondants l'amplifient réellement. Aux États-Unis, une enquête de Pew Research menée après l’élection de Donald Trump montre que pour 48 % de ses électeurs, ce sont les chaînes de télévision Fox News (40 %) et CNN (8 %) qui ont servi de source principale à leur décision, contre seulement 7 % pour Facebook par exemple. La télévision et la radio, médias traditionnels, restent donc des sources d’informations importantes pour forger l’opinion publique, et semblent relativiser l’impact des algorithmes sur les médias sociaux.
Une étude récente, réalisée par l’agence de presse Reuters, montre qu’en France la télévision reste le média le plus utilisé pour s’informer, pour 71 % des personnes interrogées, même si sa part a considérablement baissé depuis 2013, et qu’elle est suivie de près par Internet, que les utilisateurs sont 68 % à consulter lorsqu’ils recherchent une information. La bulle Google pourrait donc déjà avoir une influence significative sur les informations que les utilisateurs reçoivent. En outre, les journalistes passent également du temps dans les médias sociaux et utilisent Google pour la recherche : à cet égard, cela influence également les médias en dehors d'Internet.
Mais il existe des opinions très contradictoires, en particulier en ce qui concerne la bulle Google : Eli Pariser fournit des preuves claires de l'influence de la personnalisation sur les résultats de recherche Google, mais ces observations remontent à 2011, et Google est connu pour apporter des changements réguliers à son moteur de recherche ; il n’est donc pas certains que ces éléments soient toujours d’actualité.
Enfin, il ne faut pas oublier que les bulles de filtres existaient déjà avant Internet : bien avant le développement du Web, de nombreuses personnes dans les clubs, les cercles amicaux et familiaux, ont été maintenues dans des chambres d'écho sans bulles Google ou Facebook. Internet a permis d'accroître sensiblement la diversité des opinions et a donc contribué à la pluralisation. Cependant, pour avoir un Internet libre à l'avenir, dans lequel des personnes différentes avec des points de vue différents se rencontrent au même niveau, il ne faut pas sous-estimer le danger des bulles de filtres.